« L’INTERCONNAISSANCE ENTRE LA MDPH ET LES ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME EST DONC ESSENTIELLE. L’INTELLIGENCE COLLECTIVE QUE L’ON REMARQUE ENTRE TOUS LES ACTEURS DU FINISTÈRE PERMET D’ENVISAGER DES EXPÉRIMENTATIONS POUR PROPOSER DES RÉPONSES RÉALISTES ET RÉALISABLES. »

Juriste de formation, Anne-Catherine Engelhard a effectué toute sa carrière dans la fonction publique territoriale. Ayant évolué sur des postes dans les ressources humaines et dans le social, elle aborde sa fonction de Directrice de la MDPH29 par une symétrie des attentions : améliorer la qualité des outils de travail pour améliorer la qualité de service rendu aux usagers.

Pouvez-vous nous raconter votre prise de poste ?

Anne-Catherine Engelhard : Je suis arrivée de l’Oise avec ma famille le 4 avril dernier, et j’ai pris officiellement mes fonctions de Directrice de la MDPH29 le 8 avril… mais juste avant ma prise de poste, j’ai été invitée à participer au 2ème anniversaire du Pacte de Pleyben* le 5 avril à Guipavas. Ce fut une plongée immédiate dans l’écosystème du médico-social finistérien. Ensuite il a fallu que je fasse quelques cours accélérés de « langue médico-sociale » pour m’y retrouver dans les nombreux opérateurs et acronymes et n’étant pas originaire du Finistère, je continue tous les jours de perfectionner ma géographie pour me repérer sur le territoire.

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué à votre arrivée ?

ACE : Mon impression première peut se résumer en un mot : convergence. Que ce soit de la part des acteurs de proximité, au niveau des gouvernances, de la part des équipes de la MDPH, je constate cette volonté commune d’améliorer les réponses apportées, de faire évoluer les pratiques et que cette volonté se réfléchit collectivement.

 

Nous avons actuellement environ 110 agents répartis en 4 pôles d’évaluation, 1 pôle d’accueil et 1 pôle qualité/supports. Depuis la mise en place du Pacte de Pleyben, nous avons dynamisé le circuit de traitement des demandes en réorganisant les services, en renforçant les effectifs et en décloisonnant les champs d’intervention des équipes (plus de transversalité pour moduler les équipes selon l’afflux des demandes). Sur l’année 2023 nous avons traité les 62.792 demandes reçues dans un délai moyen de 3 mois, nous avons transmis les 74.710 décisions rendues par la CDAPH et nous avons réussi à couvrir 80 % de taux de réponse aux appels téléphoniques. Nous sommes satisfaits de ces résultats et nous continuerons à les améliorer.

Les missions de la MDPH sont :

• accueillir et informer les personnes en situation de handicap et leurs familles
• évaluer les demandes et instruire les dossiers
• attribuer les prestations et les orientations émises par la CDAPH
• être médiateur et même coordinateur lors de situations complexes

Que souhaiteriez-vous améliorer en priorité ?

ACE : La réalité fait que nous n’avons pas la chance de rencontrer tous nos usagers, alors pour comprendre au mieux leurs besoins à travers leurs dossiers, il est nécessaire que les dossiers soient les plus complets possibles, pour que l’évaluation soit la plus juste.
La complétude des dossiers est l’un des axes d’amélioration, car par exemple 47 % des dossiers enfants reçus sont incomplets. La technicité du circuit de traitement nécessite de disposer des toutes les pièces dès l’ouverture du dossier. C’est pourquoi pour 2025, en nous appuyant sur la feuille de route nationale des MDPH, nous consoliderons le déploiement des antennes territoriales dans les CDAS, nous développerons le téléservice, nous interviendrons sur notre logiciel métier pour permettre plus de fluidité et de souplesse de traitement aux équipes, nous créons des outils tournés vers l’usager : Foire aux questions plus fournie sur le site interne, actualités des acteurs, capsules vidéos, nous travaillerons également avec nos partenaires quant à la saisonnalité des demandes (notamment pour le champ de l’éducation) ou à la durée de validité des orientations…

Et justement, les partenaires de la MPDH29 qui sont-ils ?

ACE : La MDPH29 évolue dans un maillage partenarial riche : organismes gestionnaires, associations de défense des droits, professionnels du sanitaire, financeurs, Éducation nationale, acteurs de l’emploi, MSA, CAF, CPAM… Les concertations et les regards croisés sont réguliers, pour ne pas dire permanents, tant pour les évaluations (nos partenaires ont un rôle d’expert dans les instances décisionnelles) que pour réfléchir à la transformation de l’offre. Certains de nos partenaires sont représentés dans nos instances, et si nous prenons le cas des organismes gestionnaires comme Les Papillons Blancs du Finistère, ils ont un rôle d’expert et ont une voix consultative en CDAPH.
En quoi la MDPH29 est concernée par la transformation de l’offre médico-sociale ?
ACE : Même si la MDPH n’est pas un opérateur de la transformation de l’offre, nous avons à nourrir les réflexions de part notre connaissance des situations des usagers. Nous avons une vision de la résonance du handicap. Nous cherchons ce qui doit être compensé, en tenant compte de l’autonomie mais aussi des aspirations des personnes en situation de handicap. De fait, nous pouvons conseiller ce que doit être ajusté ou adapté dans les réponses et/ou l’environnement. Ce n’est pas évident, car chaque acteur doit réinterroger ses pratiques.

Comment voyez-vous l’accompagnement de demain ?

ACE : Dans la logique de parcours, les orientations de demain seront vraisemblablement données pour un « bouquet d’offres » et non plus pour une typologie d’établissement. Cela demandera une réponse de composition avec l’ensemble des acteurs. C’est le principe des dispositifs comme le PCPE ou la Communauté 360, sauf que nous ne serons plus uniquement sur les situations d’urgence. Plusieurs organisations dans les départements intègrent les MDPH dans les commissions d’admissions des organismes gestionnaires car la MDPH peut apporter des éléments vis-à-vis des priorités à donner pour limiter les ruptures de parcours. L’interconnaissance entre la MDPH et les acteurs de l’écosystème est donc essentielle. L’intelligence collective que l’on remarque entre tous les acteurs du Finistère permet d’envisager des expérimentations pour proposer des réponses réalistes et réalisables.

Aller au contenu principal